Appel à communicationsLes Journées du Développement 2016 ont pour objectif central d’interroger la portée de cette question des risques et des incertitudes dans les discours et les pratiques contemporaines du développement. Cela passe d’abord par une clarification conceptuelle : il convient de définir les notions de choc, de vulnérabilité, de résilience, autant de notions largement usitées dans les sciences sociales du développement, et ayant fait, et faisant encore actuellement, l’objet de nombreux débats. Ces débats sont interdisciplinaires mais, au-delà même des différences entre disciplines, ils recouvrent des postures théoriques et méthodologiques qui peuvent s’opposer radicalement (individualisme méthodologique versus vision holistique ; cadre néo-classique versus institutionnalismes, etc.). Ces clarifications conceptuelles sont nécessaires pour comprendre la portée analytique et normative de la notion de résilience, désormais au cœur des approches de la plupart des bailleurs et des partenaires au développement. Sa promotion est devenue l’une des conditions de l’octroi de financement pour les acteurs non gouvernementaux du développement, en particulier dans les régions fragilisées par les changements climatiques, telles que la frange sahélienne ou la Corne de l’Afrique. Présentée comme permettant de mieux articuler les temps de l’urgence et du développement et d’améliorer l’efficacité de l’appui, cette notion de résilience pose pourtant de nombreuses questions : comment la mesurer ? À quelle échelle ? Comment la susciter ? Peut-elle être autre chose qu’un nouvel avatar néolibéral ? Les réserves qui pèsent sur la notion de résilience face aux désastres naturels et anthropiques tiennent au fait qu’elle pourrait être une manière d’occulter les facteurs structurels, dont la montée des inégalités, qui rendent les pauvres toujours plus vulnérables. On rejoint là les débats et les controverses sur l’avenir du développement comme mouvement de rapprochement d’une norme capitaliste mondiale. On pourrait alors analyser la ligne de partage entre, d’une part, les approches qui considèrent le marché comme la norme et le meilleur système possible, moyennant des ajustements, d’autre part, les conceptions selon lesquelles le marché serait la caisse de résonnance des inégalités et une construction sociale dominante qui conduirait à renforcer celles-ci, au profit des rentiers et au détriment de ceux qui ne détiennent pas la propriété. Quelle place la notion de résilience occupe-t-elle au sein de ces différentes conceptions ? La position des acteurs du développement (organisations internationales, ONG, think tanks, États, collectivités locales,...) est-elle claire ou ambiguë ? Ces questions peuvent se décliner par secteur, par région, par niveau de développement, etc. Aborder la question des catastrophes, vulnérabilités et résiliences dans le champ du développement passe aussi par une compréhension empirique de l’importance des risques et des incertitudes aux niveaux individuel et collectif. Il s’agit d’évaluer l’influence des chocs et des menaces sur les trajectoires des populations, des systèmes sociaux, des secteurs d’activités, des économies, et de mettre en évidence d’éventuelles irréversibilités. La vulnérabilité peut être repérée aux niveaux micro, méso et macro-économique et concerner plusieurs échelles territoriales. À ces différentes échelles, on doit analyser les pratiques des acteurs : des stratégies des ménages aux politiques publiques nationales et internationales, en passant par la société civile dont le rôle est essentiel, le spectre des actions menées face aux risques et aux chocs étant très vaste. Mais ce sont les politiques publiques elles-mêmes qui peuvent être à l’origine des chocs ou qui peuvent, tels les plans d’ajustement structurel, constituer le choc lui-même. Enfin, il est également nécessaire d’analyser les politiques déployées pour faire face aux catastrophes : appui à l’adaptation au changement climatique des populations fragiles, lutte contre la progression des maladies non infectieuses dans les pays pauvres, réduction des effets des catastrophes industrielles, stratégies adoptées face aux populations réfugiées ou en situation d’insécurité, etc. De même, il est important d’étudier les politiques préventives initiées, visant à anticiper, voire à éviter, ces catastrophes : préparation, filets sociaux dits préventifs, alerte précoce, etc
Thèmes Les propositions de communication peuvent relever de divers champs disciplinaires (économie et gestion, sociologie, anthropologie, démographie, géographie, droit et sciences politiques, sciences de l’environnement, aménagement, santé publique,…). Elles devront impérativement préciser, en deux pages (800 à 1 000 mots), 1) la problématique, 2) la méthodologie et le cadre d’analyse, 3) quelques éléments de résultats et 4) les principaux éléments de bibliographie. Les communications pourront porter sur des aspects théoriques, empiriques ou méthodologiques, elles s’inscriront dans une ou plusieurs des sessions proposées, elles pourront être rédigées en français ou en anglais. A - Fondements conceptuels et controverses théoriques A.1. Analyse conceptuelle : risque, incertitude, vulnérabilité, résilience A.2. Controverses théoriques, confrontation et/ou convergence des paradigmes B - Mesures de la vulnérabilité, de la résilience B.1. Analyse et pertinence des indicateurs B.2. Application des indicateurs et des mesures : méthodologie et enquêtes C – Rôle des acteurs et des partenaires du développement C.1. Politiques, programmes et gestion des catastrophes et de la vulnérabilité C.2. Rôle spécifique de certains acteurs : société civile, secteur privé, communautés,… D - Déclinaisons sectorielles et thématiques des catastrophes, de la vulnérabilité et de la résilience D.1. Déclinaisons sectorielles : agriculture, santé, risques industriels, économie informelle, économie sociale et solidaire, microfinance,… D.2. Déclinaisons thématiques : réchauffement climatique, objectifs du développement durable,... E – Déclinaisons territoriales des catastrophes, de la vulnérabilité et de la résilience E.1. Analyses géographiques des risques E.2. Interactions entre échelles F - Atelier doctorants Cette session permet aux doctorants dont les travaux de recherche sur le développement ne s’intègrent pas dans les sessions précédentes de présenter une communication. |